Lu pour vous - «C’est à l’école de s’adapter à l’enfant en difficulté»,

Publié le par ANAE

«C’est à l’école de s’adapter à l’enfant en difficulté», estime Kathy Bahemia, bénévole

 

Notre interlocutrice travaille avec des enfants à difficultés d’apprentissage. Elle estime que l’école doit être aménagée en fonction des besoins de ces derniers.


Les enfants dyslexiques trouvent des moyens pour compenser leur handicap. Est-ce que ces moyens compensatoires constituent la solution pour les enfants ayant des difficultés d’apprentissage ? 

Le milieu pluridisciplinaire comprenant médecins, ergothérapeutes, orthophonistes, phychomotriciens, kinésithérapeutes, physiothérapeutes et psychologues travaillent en amont pour développer les stratégies de compensation pour ces enfants. Ils vont mettre en place des systèmes compensatoires dépendant du diagnostic de l’enfant. Par exemple, un enfant avec des problèmes auditifs n’aura pas les mêmes stratégies compensatoires qu’un autre souffrant de difficultés visuelles. Ceci dit, ce sont des solutions au niveau technique.

 

Qu’en est-il pour les enfants qui, d’une façon ou d’une autre, établissent petit à petit leurs propres moyens compensatoires?

C’est là que survient le paradoxe car on découvre le génie en eux. Leur plus grand moyen compensatoire, c’est leur adaptabilité. Que l’on veuille ou non, leur logique, leur manière d’appréhender les choses sont différentes. Cette différence constitue l’individualisme de chacun. Mais ces enfants s’efforcent cependant à s’adapter et à surmonter leurs difficultés. Que ce soit des difficultés à lire, à écrire, à compter ou encore à se repérer dans l’espace et le temps, ils arrivent à combler  cette faiblesse avec succès.

 

Que peut-on attendre de l’école pour le soutien à ces enfants ?

Je dirais que l’école est la première base de dépistage pour ces enfants. Les premiers signes d’alerte surgissent dès la maternelle. Retard de langage, difficulté en graphisme, d’organisation dans le temps et l’espace entre autres. Tout ceci est visible dès que l’enfant fait ses premiers pas dans le milieu scolaire. Le Dr Mazeau, spécialiste des DYS (voir plus bas), estime que le niveau de ces enfants n’est pas lié à leur niveau de troubles mais simplement au niveau des aménagements mis en place. Ce sont des enfants qui peuvent, avec le soutien nécessaire, avoir une très belle scolarité. Cela veut tout dire concernant le rôle de l’école pour ces enfants DYS.

 

Que faut-il comme base éducative pour intégrer ces enfants ?

Il faut rompre avec le cadre traditionnel de la classe en individualisant les cours par le biais de la technologie. Par exemple, il est grand temps de mettre en ligne régulièrement tous les éléments vus en cours afin de permettre à l’élève de récupérer ou de revoir les choses qui lui ont échappé durant les cours. En outre, il faut aussi mettre en ligne tous les devoirs. Le tout en version orale et écrite. L’élève choisira sa version en fonction de ses difficultés. Je suis convaincue que cela allégera énormément le travail de ces enfants. Cela permettra de reprendre confiance en soi et constituera une motivation supplémentaire.

D’où l’importance d’avoir une unité de Special Educational Needs (SEN) dans chaque école et chaque collège.

 

Comment fournir une base éducative permettant à ceux éprouvant des difficultés d’apprentissage d’intégrer l’école ?

Après le dépistage du trouble dans le milieu scolaire, un diagnostic fiable doit être établi par le milieu paramédical. Cela suivi de la mise en place de stratégies et d’aménagements et adaptations pédagogiques en fonction des difficultés de l’enfant. Il faut bien comprendre que la base éducative de ces enfants est un travail d’équipe avant tout, où les enseignants, l’équipe paramédicale et les parents doivent tous travailler en amont pour intégrer les enfants DYS dans le cursus normal de l’école.

 

Le rôle du milieu paramédical est donc primordial à l’intégration de ces enfants ?

En effet. Ce sont eux qui vont établir le diagnostic et la mise en place des stratégies pour aider l’enfant. Il ne faut surtout pas oublier que les rééducations évoluent avec le temps en fonction des progrès accomplis. Je pense aussi qu’il faut apprendre à choisir les bonnes rééducations car il faut comprendre et accepter que ces enfants ne peuvent pas faire de progrès sur tous les terrains à la fois. Donc, il s’agit de cibler l’essentiel au moment précis de chaque étape du parcours scolaire en tenant compte de leur progrès.

Les méthodes d’intégration dépend de la finesse du diagnostic, de la sévérité des troubles, de la qualité de la prise en charge paramédicale ainsi que d’autres axes de rééducation.

A l’école, par exemple, il faut une mise en place de formation sur les DYS pour les professeurs et l’équipe pédagogique elle-même. Par exemple, les professeurs non-informés ont du mal à comprendre les écarts qu’ils constatent chez les DYS entre deux matières ou encore entre les compétences orales et écrites. Souvent, ils peuvent attribuer cela à la mauvaise volonté mais alors que tel n’est pas du tout le cas.

 

Se pose également la question du regard du milieu scolaire sur les enfants à difficultés d’apprentissage.

Effectivement. Ce n’est pas parce que les cahiers sont mal tenus qu’ils n’arrivent pas à boutonner leur chemise ou que leur classeur est un vrai bazar que ce  sont encore des petits immatures. On découvre que l’on peut être incapables de faire tout cela parce qu’on est DYS mais être matures quand même. Et souvent avec une intelligence au-dessus de la normale. L’école également doit s’adapter à l’enfant et ne doit plus être une jungle.
L’aménagement d’un département SEN dans le milieu scolaire est impératif afin que ces enfants soient mieux accompagnés et travaillent à leur rythme tout en restant dans le cursus normal et en allégeant le travail des professeurs. Par exemple, pour les DYS qui ont un retard graphique, il ne faut pas s’acharner à leur faire écrire. Au contraire, cela entraîne trop de fatigue et le risque de dégoûter à jamais l’enfant de l’écriture.

 

Que faire alors ?

Il faut intégrer l’utilisation de l’ordinateur dès que ces enfants entrent au secondaire. Il faut privilégier les outils  comme l’imprimante, la photocopieuse, le scanner, la calculette. Il faut avoir à titre permanent des axes de rééducation comme le brain gym répondant aux besoins de chaque enfant. Je pense que cette unité de SEN doit être solidement entourée d’une équipe qualifiée et formée pour répondre aux besoins de ces enfants. Et surtout leur laisser du temps, leur temps.

 

Dans toute base éducative, les parents ont aussi leur rôle à jouer pour intégrer les enfants DYS à l’école. D’abord instaurer un dialogue permanent avec les professeurs. Les parents pensent souvent à critiquer mais oublient de féliciter et de remercier l’équipe pédagogique entourant ces enfants. Car ils sont nombreux ces enseignants qui s’investissent beaucoup dans l’intégration de ces enfants. Il faut faire la part des choses en choisissant d’expliquer et de rééxpliquer.

 

En tant que parent, on doit donner un coup de main supplémentaire comme, par exemple, surligner une ligne, préparer d’avance quelques feuilles pour poser une addition, s’assurer que les notes sont bien prises.


(Enfants DYS : formule utilisée pour définir les enfants souffrant de dyslexie (difficulté de l’écrit) de dysphasie (de la parole) de dyspraxie (situation par rapport à l’espace) et de dyscalculie (de l’apprentissage des mathématiques).

 

Source : http://www.lexpress.mu/news/487-interview-c-est-a-l-ecole-de-s-adapter-a-l-enfant-en-difficulte-estime-kathy-bahemia-benevole.html

 

ANAE - anae@wanadoo.fr  -  www.anae-revue.over-blog.com  -  www.anae-revue.com

 

 

Publié dans Lu pour vous

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