ANAE N° 104/105 - Psychomotricité

Couv104-105

  commander en ligne    

ANAE N° 104-105

Vol 21, tome IV et V, décembre 2009

Coordonné par le Pr L. Vaivre-Douret

 

L’examen psychomoteur est une   spécificité professionnelle et une démarche primordiale que l’on doit avoir devant un enfant consultant pour des troubles du développement et/ou des troubles d’apprentissage. Il complète l’examen psychologique (et de la personnalité), neuropsychologique et/ou orthophonique, permettant par là un diagnostic différentiel en fonction des états psychologiques ou psychopathologiques qui les sous-tendent.

 

Les symptômes psychomoteurs peuvent être semblables par leur forme, mais être très divers quant à leur signification d’un point de vue sémiologique et étiologique. En effet, il peut s’agir d’un retard de la maturation du système nerveux central comme Ajuriaguerra l’avait défini, d’un trouble lésionnel ou fonctionnel entraînant une désorganisation d’un système cérébral, ou d’une régression évolutive de ce système ou des systèmes cérébraux associés, ou bien d’une forme d’expression de symptômes d’origine psycho-affective ou psychosomatique plus ou moins liés à l’historicité de l’individu ou à son environnement.

 

Un bilan psychomoteur, à orientation neuropsychomotrice, bien étayé avec des normes développementales, permet de lever cette ambiguïté d’expression du symptôme en le confrontant aux résultats de l’examen psychologique et psychoaffectif du patient. Il est important par ailleurs d’apprécier la part des troubles instrumentaux sur la personnalité de l’enfant et le rôle de l’évolution de l’organisation de la personnalité sur l’évolution de ces troubles.

 

Finalement, les troubles psychomoteurs oscillent entre le neurologique et le psychiatrique, comme le soulignait Ajuriaguerra en 1959, mais il s’agit, de nos jours, de ne pas dichotomiser cette oscillation vers le tout neurologique ou cognitif d’un côté et de l’autre le tout psychologique ou psychopathologique. En effet, on tend actuellement à comprendre les bases neurales au regard des connaissances cognitives, neuro-anatomiques, et de celles émanant de la psychologie, de la neuropsychologie et de la psychopathologie, qui permettent de compter dans le cadre de prises en charge, sur des réorganisations fonctionnelles des systèmes en lien avec la plasticité cérébrale mieux connue de nos jours.

La profession de psychomotricien a le mérite d’exister, elle doit continuer à se démarquer des autres professions, bien qu’elle soit issue de diverses disciplines. Son originalité, qui en fait un substrat propre à cette profession, est la prise en compte de l’axe du corps, marqueur du développement, dans ses interactions avec
  l’environnement. En effet, l’axe du corps est un espace « habité » comme support de l’identité et de tous les organes vitaux (pour manger, respirer…) et sensoriels (vision, ouïe…). C’est le lieu qui fonde l’origine du mouvement (cerveau) depuis l’ontogenèse, et qui exprime ou qui renseigne sur une manière de dire (exemple d’une respiration accélérée) et de faire (exemple de la maladresse) permettant l’espace d’actions (exemple de l’orientation spatiale) et l’engagement dans la relation (exemples de l’inhibition/instabilité, de l’émotion…). Cet axe corporel est un référentiel spatial capital étudié dans l’examen psychomoteur. Il est important pour les autres professions de santé de mieux comprendre cette spécificité du psychomotricien dans sa contribution à l’évaluation et à la prise en charge éventuelle du patient.


La profession de psychomotricien est une profession d’avenir en constante évolution à tous les âges de la vie, et le bilan neuropsychomoteur standardisé apparaît de plus en plus, en complémentarité de l’évaluation psychologique ou neuropsychologique, comme une entité indispensable pour comprendre l’organisation des systèmes sensoriels, moteurs, cognitifs et émotionnels. L’évaluation standardisée des différentes fonctions cérébrales ouvre de nouvelles voies en recherche clinique, de façon  transdisciplinaire, de la génétique à la neuroradiologie en passant par la neuropédiatrie, la neuropsychologie et la pédopsychiatrie, contribuant ainsi à une meilleure sémiologie et à une démarche nosologique et étiologique plus efficace.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :