Conférences "Eugénismes" - 17 novembre 2010

Publié le par ANAE

Conférences : « EUGÉNISMES»

17 NOVEMBRE 2010

Lieu : Faculté de Médecine - Amphithéâtre Faraboeuf
15 Rue de l'Ecole de Médecine - 75005 PARIS

ENTREE LIBRE, Pré-Inscriptions obligatoires :
Mme Salima Belferroum : 01 56 61 69 23 - Salima.belferroum@imm.fr

PROGRAMME de la matinée

§ 9h30 : Conférence introductive :
« Les icônes corruptrices de l'humanisme médical »
Ø Pr Axel KAHN
Président de l'Université René Descartes Paris V

§ 10h15 : « Expériences humaines et micro-organismes » : Cobayes humains, armes ethniques.
Ø Pr Patrick BERCHE
Doyen de la Faculté de médecine René Descartes Paris V
Professeur de microbiologie
« L'histoire secrète des guerres biologiques » Robert Laffont, 2009.

§ 11h00 : « La science est-elle capable de préserver la morale ?
Fonctionnement psychique du médecin et caution médicale aux processus de déshumanisation et d'extermination » :
Ø Pr Maurice CORCOS
Chef du service du Département de Psychiatrie de l'adolescent et du jeune adulte - Institut Mutualiste Montsouris

§ 11h45 : « Prévention - Prédiction - Mesure du risque - Dépistage des vulnérabilités- Cancers et après ? » 
Ø Pr Jessica ZUCMAN-ROSSI
Université Paris Descartes - Unité INSERM U674

§ (Sous réserve) Avec la participation de  :
Ø Pr Arnold MUNNICH
Chef du Service Unité de génétique de l'Hôpital

ARGUMENTAIRE

Peut-on être scientifique et croire en un principe spirituel, ou la pensée scientifique ne peut-elle être que biologique ? Rester spiritualiste ne présage pas d'une croyance en l'âme et au crédo religieux de son immortalité, mais croire à l'existence du fait psychique sinon du fait moral, et tenter éviter à la science d'être à ce point opératoire qu'elle finisse par se réduire à l'ensemble des techniques de saisie du réel qu'elle invente. Techniques qui veulent malgré des systèmes complexes d'indexation des variables, croire (quasi-religieusement) à un ordre constant et une régularité invariable de triste mémoire et augure.
Spiritualiste veut dire aussi que l'on a une représentation de l'homme comme un être pensant. L'être humain parce qu''il ne manque pas toujours d'esprit, mérite la dignité et ne peut donc être réduit à un objet d'étude ou une « machine à informations » à faire entrer de gré ou de force dans des modèles opérants. Le médecin, dans l'esprit d'Hippocrate n'a pas la licence sur tout ce qui concerne son patient, son art, associé à une éthique l'obligera toujours à résoudre des conflits de devoir.

Si cette pensée éthique ne prend plus en charge l'homme et l'histoire qui dira alors les risques d'un usage idéologique ou économique de la médecine où l'homme est chosifié ?
La science parfois prisonnière d'un activisme de performance et de résultat, qui ne veut plus rien savoir, est-elle capable de préserver la dignité humaine ?

L'extermination scientifique organisée par le IIIème reich a donné un relief particulier à ces questions mais historiquement, le problème n'est pas seulement lié à la spécificité du nazisme. Des médecins sont intervenus de façon criminelle, dans des circonstances particulières, en Allemagne, mais aussi en Russie Soviétique, au Portugal, au Chili, en France au Japon, aux USA, dans les pays scandinaves, pour cautionner des situations de torture ou valider des choix eugénistes. (Les Pr Berche et Corcos aborderont ce sujet).

Ainsi, il importe de ne pas se référer au seul passé nazi, où médecine et totalitarisme ont collaboré mais de réfléchir à la généalogie de la pensée médicale scientifique telle qu'elle semble avoir évolué depuis le XIX° siècle, jusqu'à ce que certains craignent, l'avènement d'un biopouvoir. (Le Pr Kahn évoquera cette dimension dans sa conférence introductive).
Se posent alors lorsqu'on aborde le fonctionnement médical mais aussi celui de tous les métiers soignants ou à dimension humanitaire, les questions des raisons conscientes et inconscientes qui guident une personne vers les techniques de soin, de soulagement, de guérison. Outre ce que l'on sait et qui est discutable, du désir de "faire du bien" comme formation réactionnelle qui vient contre-investir des désirs sadiques ou dominateurs refoulés (le démon du bien) il est un fait que les immenses progrès des connaissances médicales et les possibilités offertes à la recherche (génétique tout particulièrement) ont bien entendu, aiguisé l'appétit - tout légitime - d'en savoir plus. (Les pr Munnich et Zucman-Rossi interviendront sur ce sujet). Mais il est tout aussi évident que l'appétit peut verser dans l'avidité quand ce n'est pas la cupidité. Le désir épistémophilique ne peut qu'être excité par le sentiment d'avoir à sa disposition un très grand nombre de personnes sur lesquelles on va pouvoir exercer sa « folie privée » au risque du déni d'identité et d'humanité. Jusqu'où la médecine peut-elle aller dans une folie de la maitrise, en confondant puissance et pouvoir sur autrui, négligeant éthique et responsabilité ? Comment reste-t-on une "personne morale" devant les progrès de la science ?

La pensée, si c'est une pensée, de ceux qui à l'intérieur d'un système totalitaire criminel légalisé, ne firent pas qu'obéir aux ordres mais usèrent des victimes dans leurs laboratoires concerne tous les soignants d'aujourd'hui et de demain.

 

ENTREE LIBRE, Pré-Inscriptions obligatoires :

Mme Salima Belferroum : 01 56 61 69 23 - Salima.belferroum@imm.fr

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