Lu pour vous - Une seule anomalie cérébrale à l'origine de la dyslexie ?
Une seule anomalie dans le cortex auditif du cerveau pourrait être à l’origine des trois difficultés principales rencontrées par les dyslexiques : manipuler mentalement des sons de la parole, mémoriser à court terme et nommer rapidement une série d’images. Ces travaux menés par des chercheurs de l’Inserm et du CNRS sont publiés dans la revue Neuron.
Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie : Bilan des données scientifiques (2007)
Une expertise collective de l’Inserm
La dyslexie se manifeste chez un enfant, après le début de l’apprentissage de la lecture, par l’absence de maîtrise des correspondances entre les graphèmes (lettres ou groupes de lettres) et les phonèmes (sons de la parole). La persistance du trouble caractérise la dyslexie.
L’expression de la dyslexie résulte à la fois de dysfonctionnements cérébraux et cognitifs et de l’influence de nombreux facteurs environnementaux parmi lesquels l’environnement linguistique, la plus ou moins grande régularité du système orthographique, et probablement d’autres caractéristiques, non encore identifiées, de l’environnement de l’enfant au cours de son développement.
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Une anomalie du développement d’aires cérébrales normalement impliquées dans la représentation et le traitement des sons de la parole (la phonologie) est la plus fréquemment rencontrée et constitue l’hypothèse majoritairement admise pour la dyslexie.
Les chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’Ecole Normale Supérieure ont enregistré l’activité cérébrale de 44 participants adultes, dont 23 dyslexiques, grâce à la magnétoencéphalographie (MEG), en réponse à un bruit modulé en amplitude de manière linéaire entre 10 et 80 Hz.
Une analyse des réponses du cortex auditif du cerveau a été réalisée afin de comparer les profils de réponse dans les cortex auditifs droit et gauche, et entre les participants dyslexiques et non dyslexiques (contrôles).
Etant donné que ce défaut de sensibilité est corrélé avec les difficultés de traitement phonologique et la dénomination rapide d’images, l’activation de cette zone du cerveau à cette fréquence semble nécessaire au découpage de la parole en unités linguistiques pouvant être associées aux graphèmes.
Les dyslexiques montrent en revanche une réponse corticale accrue aux modulations d’amplitude des sons situées au-delà de 40 Hz. Cette particularité est associée à un déficit de mémoire phonologique.
Selon les chercheurs, ces données suggèrent qu'une seule anomalie de résonance du cortex auditif avec la parole serait à l’origine des trois facettes principales de la dyslexie.
Katia Lehongre,1 Franck Ramus,2 Nadège Villiermet,2 Denis Schwartz,3 and Anne-Lise Giraud1,*
1Inserm U960 - Ecole Normale Supérieure, 75005 Paris, France
2 LSCP UMR 8554, CNRS, EHESS, Ecole Normale Supérieure, 75005 Paris, France
3 CRICM, CNRS UMR 7225, Inserm UMR-S 975, 75013 Paris, France
Lehongre et coll. “Altered Low-Gamma Sampling in Auditory Cortex Accounts for the Three Main Facets of Dyslexia.” Neuron Volume 72, Issue 6, 1080-1090, 22 December 2011
Inserm
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