ANAE N° 102 - La Dyscalculie
ANAE N° 102
LA DYSCALCULIE DEVELOPPEMENTALE
Coordonné par le Pr Jean-Paul Fischer
Vol 21, tome 2, N° 102, juin 2009
Ce dossier sur la dyscalculie développementale a pour origine une rencontre avec Patrick de Gavre (trop tôt disparu), alors éditeur de la revue ANAE. Lors de cette rencontre, je me plaignais de l’absence de dialogue entre les milieux neurologiques et didactiques au sujet de la notion de dyscalculie. En effet, la défi nition la plus courante de la dyscalculie développementale, à savoir un trouble dans l’apprentissage du calcul (non lié à des défi ciences intellectuelles) qui a son origine dans un désordre cérébral, réclame un tel dialogue.
La définition de ce trouble montre aussi que la notion de dyscalculie développementale est centrale dans une revue qui s’intéresse à l’ Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l’Enfant.
Mais le choix éditorial du sujet de ce dossier ne se limite certainement pas à un concours de
circonstances. Il est aussi, et surtout, justifié par l’importance de l’enjeu. Concernant l’un
des deux apprentissages fondamentaux (dans nos cultures), la dyscalculie développementale constitue un défi majeur à notre enseignement. Comme le souligne l’une des contributions à ce
dossier, des milliers d’adolescents (en France seulement et, possiblement, des millions à travers le monde) souhaiteraient aborder leur vie professionnelle sans ce fameux « complexe
mathématique » qui subsiste souvent à l’âge adulte (et qui peut résulter d’une dyscalculie développementale).
Pour éviter d’aboutir à une juxtaposition de différentes contributions, j’ai développé six questions – la
défi nition, la détection, la prévalence, la rééducation, l’origine et la distinction entre dyscalculie pure et dyscalculie accompagnée d’autres difficultés (par exemple en lecture) – qui restent
ouvertes. Les auteurs pouvaient discuter ces questions soit en apportant des données empiriques nouvelles, soit sur la base des données existantes. Cette démarche a été, pour l’essentiel, bien
suivie et la conclusion que j’ai pu rédiger montre que deux ou trois thèmes directeurs fédèrent effectivement l’ensemble des contributions.
Par rapport à l’expertise collective de l’INSERM sur les « Dyslexie,
dysorthographie, dyscalculie » (datée de 2007), le présent dossier ne fait
nullement double emploi : d’une part parce que l’expertise collective accordait la place principale au langage, d’autre part parce que la dyscalculie développementale constitue un domaine de
recherche en pleine effervescence. Non seulement à cause des techniques d’étude du cerveau qui progressent considérablement d’année en année, mais aussi à cause des possibilités matérielles de
récolter et de traiter des données en grande quantité. Par exemple, la mise au point d’un Dyscalculia Screener, par Butterworth, a permis l’étude de la prévalence de la dyscalculie sur
plusieurs dizaines de milliers d’élèves à Cuba.
Sur un sujet – la dyscalculie développementale – qui fait depuis longtemps débat
entre des enseignants, constatant des diffi cultés parfois extrêmes de certains élèves en calcul mais qui ont
du mal à y voir une maladie, et des neurologues, médecins ou chercheurs en neurosciences qui, de par les effets d’une simple dénomination de dyscalculie, suggèrent qu’il s’agit d’un
dysfonctionnement cérébral, ce dossier tente de synthétiser, de discuter et d’améliorer les approches aujourd’hui disponibles.
Jean-Paul Fischer
Professeur de psychologie du développement,
le 26 juin 2009. ANAE N° 102
VOIR EGALEMENT
Le Blog de Sesamath http://www.sesamath.net/blog/index.php
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/02/19/01016-20100219ARTFIG00025-pres-de-3-des-adultes-incapables-de-bien-calculer-.php
Etude INSEE Une étude de la dyscalculie à l’âge adulte par Jean-Paul Fischer* et Camilo
Charron** http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ES424-425E.pdf
Le Café Pédagogique
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/sciences/maths/Pages/2009/106_POURLENSEIGNANT.aspx
www.anae-revue.com - anae@wanadoo.fr